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Vers une normalisation des genres et catégories de mazarinades

L’équipe des RIM propose cette page comme espace de discussion en vue d’une normalisation des genres et des catégories dans les recherches sur les Mazarinades – genres et catégories étant compris comme des données scientifiques actuelles, et non selon les termes du XVIIe siècle.
Pour y participer, veuillez utiliser le formulaire de commentaires ci-bas ou nous écrire par courriel. Les envois seront publiés après modération ; les éléments retenues seront intégrées au fur et à mesure dans la page. Une campagne de validation sera ensuite proposée. | 
Patrick Rebollar, le 16 juillet 2015 [dernière mise à jour : le 21 janvier 2017].

Critères de genre :

Souvent évoqués à propos des Mazarinades, les genres n’ont cependant jamais été précisément déterminés. L’hybridité d’un grand nombre de pièces y est sans doute pour quelque chose…
Plutôt que des genres, la liste ci-dessous propose des critères de genre, cumulables pour la description de chaque pièce. En caractères romains et gras, les critères génériques normalisés (CGN) ; en italiques et précédés de deux tirets, les termes non repris dans la liste normalisée parce qu’obsolètes, inadéquats, ou quand ce qu’ils désignent est déjà représenté par un ou plusieurs autres critères.
Quand cette liste des CGN sera validée, elle pourra être utilisée pour renseigner chaque pièce du corpus via un champ de métadonnées « Genres » qui acceptera un ou plusieurs critères (comme « dialogue » et « vers » pour décrire un dialogue en vers), critères ensuite visible(s) et cherchable(s) dans les notices du catalogue en ligne.
Il deviendra alors possible de sélectionner dans le catalogue toutes les pièces d’un genre particulier (ou ayant plusieurs CGN), ou de choisir positivement ou négativement, grâce au moteur de recherche, plusieurs CGN pour des recherches lexicales dans le sous-ensemble ainsi délimité.

Exemple de questionnement générique :
Sachant tout d’abord que le mot « journal » peut, de toute façon, être recherché dans le catalogue comme mot du titre, est-ce que « Journal » est pertinent comme critère de genre ? Le cas échéant, il serait forcément compris comme un « journal » d’aujourd’hui, ce qui serait un anachronisme (le « journal » étant alors un genre de texte dont l’écriture pouvait être discontinue, par exemple quotidienne, mais dont la publication n’était peut-être ni envisagée ni périodique).
Ce que le mot signifiait au XVIIe siècle ne serait-il pas mieux rendu par les critères – voir ci-dessous – « Chronographie » & « Relation » ? En y ajoutant, le cas échéant, « Périodique » ?
Pour « Gazette », type de texte destiné à la publication périodique, les critères « Chronographie » & « Périodique » seraient pertinents (parfois associés à « Vers » et « Burlesque », etc.), le mot « Gazette » restant également attaché au titre.
La liste publique des critères conserverait tous les termes (en romains et en italiques, avec renvois et explications), tandis que les champs TEI des fichiers XML ne seraient remplis qu’avec des étiquettes (tags) en caractères romains dans la liste.
Avis, commentaires et propositions sont les bienvenus !

Liste des critères de genre :

  • –Affiche (voir Placard)
  • –Almanach (voir Chronographie)
  • Apologie (dont Éloge et Panégyrique)
  • –Apophtegmes (voir Maximes)
  • Articles (de traité, voir Traité)
  • Arrêt (document officiel signé et daté, dont Édit, Paréatis)
  • Avis
  • Ballade
  • Berne (voir Burlesque)
  • Billet
  • Burlesque (forme ou style, dont Burlesques, Berne, Caprice)
  • Caprice (voir Burlesque)
  • Catalogue (voir Liste)
  • Catéchisme
  • Chanson
  • Chronographie (pour Almanach, Généthliaque, Horoscope ; éventuellement aussi pour Courrier, Journal, Gazette)
  • Compliment
  • Conférence (voir Entretien)
  • Consolation
  • Conte (dont Fable)
  • Courrier (voir Chronographie & Relation)
  • Déclaration
  • –Description (voir Relation)
  • Dialogue
  • –Discours (voir Harangue)
  • –Édit (voir Arrêt)
  • Entretien (et Conférence)
  • Élégie (voir Plainte)
  • –Éloge (voir Apologie)
  • Énigme
  • Épitaphe
  • Épître (voir Lettre ouverte)
  • Extrait
  • Fable (voir Conte)
  • Factum (voir Mémoire)
  • Faux (contrefaçon, falsification, prétendu, etc.)
  • Gazette (à la fois Chronographie, Relation & Périodique, mais tout de même un genre et un support en soi)
  • Généthliaque (voir Chronographie)
  • Harangue (et Discours)
  • –Horoscope (voir Chronographie)
  • Inventaire (voir Liste)
  • Journal (voir Chronographie & Relation, ou genre à part entière..)
  • Lettre (privée, une seule)
  • Lettre de cachet
  • Lettre ouverte (d’emblée destinée à un large public, dont Épître)
  • Lettres (pour un ensemble, avec ou sans présentation)
  • Liste (dont Catalogue et Inventaire)
  • Manifeste
  • Manuscrit
  • Maximes (et aussi : Apophtegmes, Proverbes, Sentences…)
  • Mémoire (et Factum)
  • Mémoires
  • Mixte (Prose et Vers, mélangés ou séparés, ici par exemple, ou Prosimètre ?)
  • –Nouvelles à la main (type gazettes de Wicquefort = voir Chronographie, Périodique, Manuscrit)
  • Numéro (de Périodique)
  • Panégyrique (voir Apologie)
  • Officiel (pièce officielle, signée, publique, enregistrée)
  • Oraison
  • Paréatis (voir Arrêt)
  • Partie (dont Suite)
  • Périodique (éventuellement en collection)
  • Placard (et Affiche)
  • Plainte (dont Élégie, Plaintes, Pleurs, Supplique, etc.)
  • Portrait
  • Prose
  • –Proverbes (voir Maximes)
  • Récit (voir Relation)
  • Recueil
  • Registre (dont Registres)
  • Relation (de faits, de campagne guerrière, et Description, et Courrier, Journal ?)
  • Remerciement (dont Remerciements)
  • Remontrance (dont Remontrances)
  • Réponse
  • Requête
  • Rondeau
  • Satire
  • –Sentences (voir Maximes)
  • Sermon
  • Stances
  • Sonnet
  • Suite (voir Partie)
  • Testament
  • Traduction (vraie ou fausse)
  • Traité (dont Articles de traité)
  • Triolet (dont Triolets)
  • Vers

Catégories :

Les catégories offrent une nouvelle possibilité de description des pièces et, conséquemment, de navigation dans le corpus en ligne. (La proposition en a été faite par Tadako Ichimaru dans sa communication au colloque Mazarinades, nouvelles approches, le 10 juin 2015, à paraître.)
Cette liste de catégories permet de décrire la situation historique et/ou discursive des mazarinades ; un champ de métadonnées lui sera également réservé dans les notices du catalogue et les outils de recherche. Nous inscrivons entre accolades le code qui pourrait être normalisé.

  • Mazarinade conventionnelle {NORMAZ} : répondant aux définitions, notamment selon les critères Moreau & Carrier de date et de contenu.
  • Pré-mazarinade {PREMAZ} : pièce antérieure à la Fronde et y ayant rapport, ou en relation avec une ou plusieurs Mazarinades. Exemple : l’Avis du Gazetier de Cologne à celui de Paris (1647), auquel répond La conférence du cardinal Mazarin avec le gazetier (1649, M0_742).
  • Post-mazarinade {POSTMAZ} : pièce ou publication postérieure à la Fronde, écrite par un témoin direct et y ayant rapport, etc. Exemple : Œuvres de l’Inconnu sur les mouvements de Guyenne… (Paris, P. Targa, 1653, Cf. Christian Jouhaud, « Frontières des mazarinades : l’Inconnu et l’événement », Eidôlon, 119, p. 17-25.) ou certains chapitres des Mémoires du cardinal de Retz, et autres mémoires historiques des contemporains.
  • Méta-mazarinade {METAMAZ} : publication ou pièce qui décrit ou référence, commente ou juge une ou plusieurs autres mazarinades. Exemple : Le Mascurat, de Gabriel Naudé.
  • Pluri-mazarinade {PLURIMAZ} : regroupement ou assemblage de mazarinades, sans méta-commentaire ni discours critique (outre la table, le cas échéant). Exemple : Diverses pièces sur les colonnes et piliers des maltôtiersM0_1161.
  • Quasi-mazarinade {QUASIMAZ} : pièce publiée durant la Fronde et ne présentant pas, en apparence, de relation avec les événements, l’opinion publique pendant la Fronde, etc. Exemple : Relation véritable de la naissance d’une fille monstrueuse…, Tokyo : A_8_9.
  • Péri-mazarinade {PERIMAZ} : texte publié durant la Fronde, entrant donc dans les interactions socio-politiques de cette période, sans être considéré comme mazarinade, ni quasi- ni pluri-mazarinade. Exemple : la première partie du Roman comique, de Paul Scarron, écrite à la même époque que La Mazarinade (voir note 1, ci-bas).

Note :

Note 1 : Extrait de la préface d’Émile Magne pour l’édition Garnier, 1955 du Roman comique (p. XIV-XVII). Nous mettons en caractères gras les informations qui concernent le contexte de la Fronde et des mazarinades :

Il souhaite tirer de sa propre veine quelque riante histoire. Il interroge longuement ses souvenirs. Et voici que, du fond de sa mémoire, remontent des images qui y restaient ensevelies. Il voit positivement sortir du passé le tripot de la Biche, son jeu de paume, son tripotier et sa tripotière, ses valets bruyants, ses groupes de « biberons » et de péronnelles. A la lumière indécise du crépuscule d’été, débouche dans la cour, un grand chariot chargé de malles, de coffres et de toiles peintes. C’est un chariot de comédiens nomades. Quatre bœufs, précédés d’une jument poulinière, le traînent. Un homme de bonne mine, mi-partie habillé de vêtements de ville, mi-partie de vêtements de théâtre, marche au côté du véhicule sur lequel repose, parmi le chargement, une gente demoiselle. Scarron reconnaît-il, dans ces personnages, le sieur Filandre et Angélique Mounier, son épouse, rencontrés au cours de sa vie, ou d’autres acteurs dont il avait oublié les visages ? Peu importe. Son imagination les situe dans le milieu manceau où, peut-être, ils ne dressèrent jamais leurs tréteaux et elle les entoure de figures réelles dont elle retrouve les traits. Scarron s’attarde à contempler ce mirage. Soudain, il s’écrie : Pourquoi ne conterais-je pas les aventures d’une bande de comédiens de campagne ? Quel sujet plus curieux trouverais-je et quel cadre plus beau que cette province du Maine où s’agitèrent tant de bizarres ?

Cette idée prend corps dans son esprit, lui semble de réalisation facile. Il en fait part à Cabart de Villermont qui l’approuve. Il nage dans la joie, car il va enfin écrire en se divertissant. Il fixe le titre de l’œuvre nouvelle : Le Roman comique. Il invite le libraire Toussaint Quinet à prendre, pour ce Roman comique en expectative, un privilège que le roi accorde le 20 août 1650.

Le voici bientôt, plume en main, emplissant page sur page, le visage éclairé d’un sourire. Il n’écrit pas assurément l’histoire du comédien Filandre, de son épouse et de leur troupe. Il ne connaît rien de cette histoire qui est celle, sans grande variété, de tous les histrions errant de ville en ville et de château en château ; elle lui importe peu. Ce qu’il écrit, c’est l’histoire de cette société mancelle où il rencontra tant de petitesse d’esprit, de perfidie, de médisance et qui eut le tort de l’ennuyer ou de lui nuire, histoire vraie, à peine voilée, étroitement mélangée à d’imaginaires prouesses de ses héros comiques. Maniant la satire avec une aisance rare, mais sans fiel, il exerce des représailles contre des sots et des méchants qu’il punit de leur sottise et de leur méchanceté en les mettant au pilori où ils subiront la risée publique.

Un moment, il est interrompu dans sa tâche par la publication de la Mazarinade en Flandre où il l’a envoyée pour plus de sécurité. Le pamphlet anonyme, introduit à Paris dans les ballots de colporteurs, fait un bruit énorme. Gonflé de venin, il touche au cœur le ministre en exil et ferme pour toujours à son auteur l’accès de la cour. Il vaut au pauvre Scarron des ripostes virulentes, celle, entre autres, de Cyrano de Bergerac, et l’oblige à se défendre contre l’infernale vermine des « regrattiers de lettres » qui s’acharnent à le lui attribuer ou à signer de son nom leurs « œuvres de balle ».

Seulement quand s’est atténué l’éclat de son libelle, Scarron reprend le Roman comique. Il en perfectionne, autant qu’il le peut, le style. Il semble n’être jamais content de cette œuvre qu’il souhaite imprégner de son plus aimable génie. Il réunit souvent autour de lui un conseil composé du cardinal de Retz, de Cabart de Villermont, du poète Segrais et de l’abbé de Franquetot. Il lit à ces gens de goût les pages de sa prose au fur et à mesure qu’elles ont reçu leurs corrections. « J’essaie le Roman comique« , dit-il. Si ses lectures excitent le rire de l’auditoire, il se sent la conscience satisfaite.

Ainsi s’achève, souvent gênée par les visites de fâcheux ou bien par des crises de douleur plus accentuée, la première partie de l’œuvre. Scarron la livre, au milieu de l’an 1651, au libraire Toussaint Quinet qui l’imprime aussitôt et la lance le 15 septembre. A peine en retire-t-il quelques avances qui s’ajoutent à ses dettes antérieures. Contrairement à son espérance il ne reçoit aucune largesse du cardinal de Retz, bénéficiaire de la dédicace. Il reste gros Jean comme devant, plus que jamais semblable à ce misérable Job de l’Écriture dont il a fait son patron.

Le livre, heureusement, plaît. Il fait une fructueuse carrière. Embelli d’un frontispice gravé où paradent, sur une scène, trois comédiens en habits de farce, il est réimprimé en 1652, 1654 et 1655.

Fil d’actualité : 

  • 5/7/2015 : mise en ligne initiale de cette page.
  • 21/7/2015 : pour #critères, C. Nédélec propose « Burlesques » et « Prosimètre » – ajoutés.
  • 28/02/2016 : quel nom donner à un texte écrit pour être publié en tant que mazarinade mais qui ne l’a pas été et n’est donc pas entré dans la sphère publique, alors même que nous pouvons tout de même le considérer aujourd’hui ? (exemple des « Crimes du cardinal », cf. M. Laurain-Portemer, Études mazarines, p. 819-1020 ; S. Haffemayer, « Mazarin face à la fronde des mazarinades… », dans Mazarinades, nouvelles approches, à paraître) : proto-mazarinade ? endo-mazarinade ?…
  • 17/09/2016 : ajout de la catégorie « péri-mazarinade » et de la note 1 sur Scarron.
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